vendredi 17 août 2018

La Déesse des Marguerites et des Boutons d'Or - Martin Millar

ÉDITEUR : Folio SF
ANNÉE DE PREMIÈRE ÉDITION : 2016

Aristophane est inconsolable : ses rivaux dramaturges monopolisent toute l’attention d’Athènes, un aspirant poète en mal de reconnaissance lui colle aux basques, ses acteurs sont incapables de retenir la moindre réplique et son propre mécène semble avoir été piqué par la mouche de l’avarice. Comment La Paix, sa dernière comédie, pourrait-elle convaincre les Athéniens de s’opposer à la guerre contre Sparte dans de telles conditions ? Mais il y a pire. Aristophane ignore que les généraux de Sparte et d’Athènes ont confié à Laet, la déesse de la bêtise et des mauvais choix, la mission d’instiller le chaos et le bellicisme à Athènes. Pour contrer l’influence de Laet, la déesse Athéna dépêche Brémusa, une redoutable mais peu loquace amazone, et Métris, une nymphe désarmante de naïveté au secours de La Paix.

Une fois n'est pas coutume, j'ai lu la moitié de la quatrième de couverture avant d'acheter ce livre. Souvent, quand il s'agit d'un poche, je m'arrête au titre et à la couverture. Mais ne connaissant pas l'auteur, même ne serait-ce que de nom, et ne sachant pas à quoi m'attendre avec un titre pareil, il me fallait un peu plus. 

Je ne m'attendais pas à ce que j'ai lu. Si, au niveau du scénario, la quatrième de couverture est fiable, en revanche la forme est inattendue. Le roman est partagé en courtes scènes, en fonction du personnage central de la-dite scène, et avance ainsi de protagoniste en protagoniste. Mais surtout, le ton donné au récit... c'est ce point qui est inattendu. Le récit se déroule à Athènes, pendant l'Antiquité. D'ailleurs, le contexte est très documenté et historique. Mais parfois, nous avons affaire à un vocabulaire contemporain, en parfait décalage avec le contexte de la guerre entre Athènes et Sparte. J'aime les contrastes de ce genre, anachroniques ; ils établissent un parallèle intéressants des raisons qui font durer une guerre (puisque celle du roman en est à dix ans) entre l'Antiquité et notre époque, ici la vente d'armes et l'argent qu'amassent quelques uns au détriment et au malheur de la majorité. Le message est explicite et, même s'il s'enrobe d'une tonalité humoristique, n'en est pas moins clair et sérieux.

Aristophane, le metteur en scène et principal personnage de ce roman, est très égoïste, car seule compte la première place au concours qu'il compte briguer coute que coute, alors que sa pièce est un appel à la paix. Le dilemme auquel il est confronté à la fin du récit est époustouflant, tant son hésitation dure, et que rien ne permet d'anticiper son choix.

Cette figure insupportable d'égoïsme et d'auto-complaisance est contrebalancée par un autre personnage très haut en couleurs, un jeune poète persuadé de son génie à qui personne n'accorde de première chance pour se lancer. Il est intéressant de constater qu'à plusieurs reprises, on exige de lui de l'expérience pour avoir droit à une scène... sans que personne ne daigne la lui offrir, cette première expérience. Un autre parallèle avec les difficultés d'aujourd'hui ? Aucun doute de ce côté-ci pour moi. Il est très attachant et j'ai beaucoup aimé les passages dans lesquels il intervenait.

Le roman est court, mais son écriture et son propos le rendent très riche. Je ne peux que conseiller ce livre à ceux qui souhaitent une lecture un peu différente.

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