dimanche 28 juillet 2024

Les Fils de Krondor, T2 : Le Boucanier du Roi - Raymond E. Feist

 

ÉDITEUR : Bragelonne

ANNÉE DE PREMIÈRE ÉDITION : 1992

Sept ans après les événements contés dans Prince de Sang, la paix s’effondre à nouveau…
Remis des ravages de la guerre de la Faille, le peuple du royaume des Isles jouit de la paix et de la prospérité. Nicholas, le troisième fils du prince Arutha de Krondor, est un jeune homme brillant et doué, mais il est confiné à la cour de son père. Afin de découvrir le monde hors des murs du palais, Nicholas et son écuyer, Harry, font voile vers la pastorale Crydee.
Mais peu après son arrivée, Crydee est brutalement attaquée par des forces inconnues. Le château est réduit à l’état de ruines, les citoyens sont massacrés et deux jeunes femmes nobles, amies de Nicholas, sont enlevées.
Bientôt le jeune prince et ses compagnons découvrent que l’attaque surprise n’était pas un incident isolé. Les envahisseurs sont venus des lointaines îles du Couchant, repaire des coupe-jarrets de tous horizons, et se sont rassemblés pour faire la guerre à la patrie de Nicholas. Mais ce n’est pas un simple raid d’esclavagistes : ils servent une force obscure qui menace le monde de Midkemia dans sa totalité, une puissance terrifiante que Nicholas va devoir affronter.

 

Malgré un aspect "Pirates des Caraïbes" qui n'est pas pour me déplaire, ce tome m'a moins plu que ses prédécesseurs. À ma première lecture, quand j'étais adolescente, j'avais déjà eu ce sentiment de rester sur ma faim. Le roman est dense, très riche en actions. Autant que l'autre tome du même sous-cycle, Prince de Sang, le rythme est très soutenu, et il se passe toujours quelque chose. Parfois, on ralentit un peu et on laisse les personnages échanger. Et pourtant, les dialogues sont fréquents, mais pas toujours intéressants. 

Les personnages sont sympathiques, mais assez lisses. Ils souffrent de la comparaison avec le sous-cycle que j'avais lu juste avant celui-ci : La Trilogie de l'Empire. Tous ne sont pas prévisibles, loin s'en faut, mais ils répondent chacun à des types plutôt définis, à l'image des personnages d'un jeu de rôle. La jolie fille blonde et assez délicate (Abigail), son amie moins jolie, brune, plus forte tête et courageuse, donc presque son opposé (Margaret), etc... L'avantage, c'est que malgré la profusion de personnages, on ne les confond pas. On retrouve Nakor, rencontré dans le tome précédent, et qui m'a rappelé le plaisir ressenti à ma première lecture du tout début de cette longue saga, voilà bien longtemps, par son lien avec Pug et sa façon de décrire la magie, qui justement , selon lui, n'existe pas. Les passages au cours desquels il intervient sont toujours plaisants, que ce soit par le point de vue qu'il défend grâce à son érudition, ou grâce à son excentricité, elle-aussi liée à ses vastes connaissances. 

Malgré quelques surprises au début de l'histoire et quelques pertes de personnages connus depuis les tomes précédents, l'ensemble est très "happy end". Et parfois, cela fait du bien d'avoir un roman de fantasy à la fin duquel les pertes en héros principaux sont très minimes - en ayant un champ très large de ceux que l'on considère comme principaux, en plus - et ou chacun trouve sa chacune. 

Ce fut donc une agréable relecture, un voyage long, mais relativement simple entre deux lectures plus complexes et retorses.

vendredi 19 juillet 2024

Cœur Vintage - Cécile Guillot

 

ÉDITEUR : Le Chat Noir

ANNÉE DE PREMIÈRE ÉDITION : 2018

2016 Mina sort avec Logan, le garçon le plus populaire du lycée. Tout le monde l’envie et lui répète à quel point elle est chanceuse, même ses propres parents. Oui, mais alors pourquoi le doute vient-il s’installer au cœur de son bonheur soi-disant parfait ?

1956 Delia vit le grand amour avec Troy et son avenir semble tout tracé : mariage, enfants, joli pavillon.

Deux filles amoureuses dont les destins sont liés par une robe.

 

    Habituellement, je ne suis pas friande de romance. J'en lis très peu, et à chaque fois je suis déçue des motifs utilisés, des comportements des personnages, des ficelles, etc... Mais j'aime beaucoup les écrits de Cécile Guillot, sa touche sensible et ses personnages plutôt simples, mais attachants. Donc je fais une exception, avec une jolie part de plaisir anticipée.

    Et bien sûr, ça a fonctionné ! Même s'il s'agit d'une romance lycéenne américaine, très éloignée de l'adolescente que j'ai été voilà bien longtemps, j'ai beaucoup aimé. Mina est une jeune fille qui ne fait pas partie des élèves populaires de son lycée. Elle est « ordinaire », dans le sens où elle passe plutôt inaperçue, mais un jour le garçon le plus en vogue de son lycée l'aborde, et là tout change...

    Le récit est court, mais riche. Mina a un goût très prononcé pour les robes des années 1950 ou 1960, et cette passion n'est pas un simple détail. C'est grâce à cela qu'elle tisse un lien avec une autre jeune fille du même âge, Delia, à travers les décennies, par le biais de l'une de ces robes. Cette connexion apporte une touche fantastique à l'histoire de Mina que j'ai beaucoup aimée. On a ainsi une opposition entre les vies de deux jeunes filles de dix-sept ans aux États-Unis, l'une dans les années 2010, et l'autre dans les années 1950, avec les questions de société qui sont abordées : liberté et éducation sexuelle, choix de sa vie d'adulte, réputation... Cette dualité est ce que j'ai préféré dans ce roman.

    J'ai aussi apprécié qu'il ne s'agisse pas d'une romance parfaite. Le roman aborde aussi l'emprise que certains individus peuvent exercer sur d'autres, le besoin de dominer pour se sentir valorisé. Les questionnements de Mina sont poignants et, en tant que lectrice ayant éprouvé beaucoup d'empathie pour ce personnage, j'ai été contente de la façon dont elle se sortait finalement de sa situation.

    Les romans de Cécile Guillot ont ceci en commun qu'ils sont rapides. On a affaire à une écriture efficace qui va vite au cœur de ce qui doit être narré, sans laisser trop de côté l'introspection pour autant. C'est une plume plaisante, même en aimant les récits plus détaillés.

mercredi 17 juillet 2024

L'Épée de Vérité, Préquel : La Première Inquisitrice, la Légende de Madga Searus - Terry Goodkind

 

ÉDITEUR : Bragelonne

ANNÉE DE PREMIÈRE ÉDITION : 2012

Avant la Première Leçon, il y eut les premiers secrets... Il y a bien longtemps, lorsque les ténèbres régnaient encore sur un monde où la trahison et la traîtrise imposaient leur loi, vint une femme seule, Magda Searus. Une femme qui avait perdu son compagnon et sa raison de vivre. Une femme bannie, dépouillée de ses privilèges, condamnée à affronter seule d’obscures forces à l’affût. Une héroïne au destin légendaire. La Première Inquisitrice.

Je n'avais pas lu de roman de Terry Goodkind depuis une petite dizaine d'années quand j'ai choisi celui-ci, présent sur mes étagères depuis, au moins 2016 (d'après le référencement Livraddict, donc probablement un peu plus). J'ai bien aimé ce préquel, dans le sens où il est le point de départ de plusieurs éléments centraux dans le cycle principal de L’Épée de Vérité, notamment les créations de ladite épée, de la première Inquisitrice, du lien entre Inquisitrice et sorcier, ou encore du Grimoire des Ombres Recensées, artefact incontournable du premier tome. Revenir sur l'apparition des fondamentaux dans une saga d'envergure est toujours source de beaucoup de plaisir, pour une lectrice friande de grandes fresques. Toutes ces créations sont très détaillées, et les explications de comment on fait tel objet magique, ou comment fonctionne telle toile de sorcier nécessaire sont très fouillées. L'auteur n'est pas avare de dialogues entre personnages au cours desquels ils réfléchissent, envisagent des hypothèses ou en écartent certaines pour en conserver seulement quelques unes. 

Les personnages m'ont laissée un peu perplexe. Dans le cycle principal, beaucoup sont assez manichéens, et les nuances ne sont pas évidentes à trouver. Mais il en existe. Ici, non. Il y a d'un côté Magda, Barracus, Merritt et quelques autres, et de l'autre la plupart des membres du Conseil (pas de surprise à la fin), le grand adversaire de Magda dont j'ai deviné l’allégeance réelle quasi-immédiatement et tous les autres "méchants" rencontrés au fil du livre, sans possibilité de revirement ou de surprise au lecteur. Au cours de ma lecture, il m'est arrivé de douter de certains personnages, car leur aspect très lisse suscitait ma méfiance (à l'écoute des déboires de Magda, beau, jeune, brillant dans leur activité)... Mais non. 

Ce roman a satisfait mon côté adepte de la saga principale, à condition de ne pas être trop regardante sur l'écriture des personnages. L'histoire se déroule sur une courte période, a priori seulement quelques jours, et pourtant les relations entre les différents protagonistes évoluent très vite. Un peu trop à mon goût. Mais en se concentrant sur les actions et la magie en œuvre, j'ai pu apprécié, et même beaucoup.

lundi 15 juillet 2024

Confluence, T1 : Ce qui nait des Abysses - Sylvie Poulain

 

ÉDITEUR : Bragelonne

ANNÉE DE PREMIÈRE ÉDITION : 2023

XXIVe siècle. Après l’emballement climatique et l’effondrement de la civilisation terrestre, les rescapés tentent de se réinventer sous l’eau au sein de cités sous-marines interdépendantes. Hélas, les vieilles tares de l’humanité ont plongé avec elle...
En Atlantique Nord, la belliqueuse Atlantis flirte avec les limites de son mandat de protection, poussée par l’IA qui la dirige, tandis que les cargos sous-marins de la Hanse participent à de dangereux jeux d’influence. Les tensions se cristallisent autour de Providence, une mystérieuse colonie abyssale refusant de se soumettre.
Alors qu’une invasion tourne au désastre et que les secrets de Providence échappent aux Atlantes, un sous-officier, Wolf Douglas, découvre une jeune survivante nommée Jihane, qui ne ressemble à rien de ce qu’il connaît. Malgré tout ce qui les sépare, Wolf et Jihane sont forcés de coopérer pour survivre aux abysses, pendant qu’un sous-marin hanséatique s’efforce de récupérer les miettes du conflit.
Pris dans un jeu de pouvoir qui les dépasse, le militaire et l’adolescente doivent bientôt faire des choix lourds de conséquences...

    Ah... Les abysses... Grande amatrice d'océans, c'est avec beaucoup de curiosité que je me plonge dans ce roman. J'ai déjà eu la possibilité de découvrir Sylvie Poulain, grâce aux nouvelles du Paris des Merveilles pour lesquelles elle a contribué.

    Au début, il faut s'accrocher. Comme souvent en SF, les informations sur le monde, les événements, le fonctionnement, tout arrive au besoin, et il faut accepter d'avancer sans tout saisir, quitte à revenir en arrière de temps en temps sur la première centaine de pages. Cette façon de lire, pas toujours linéaire, ne m'a jamais gênée.

    Le premier personnage a m'avoir grandement intéressée, c'est Wolf, celui grâce à qui tout arrive. Par son biais, on découvre une société certes terrienne, mais qui ne ressemble à rien de notre Terre actuelle. Une grande catastrophe, dont on apprend finalement peu, a eu lieu et la plupart des terres sont englouties. On pense au film Waterworld, sauf que les personnages que nous suivons dans ce premier tome vivent non pas dans des structures flottantes, mais sous-marines. On apprend qu'il existe, au moins, une ville à l'air libre, mais sans trop plus de détails, et ils sont ajoutés au compte-goutte. Mais revenons à Wolf, soldat de la cité d'Atlantis, décrite comme étant a priori l'un des derniers bastions civilisés sur Terre. Cité utopique semble-t-il, puisque tout est fait pour qu'il ne puisse se passer que le meilleur pour la communauté, et que ce qui prend les décisions, c'est une IA... Wolf est constamment connecté à Atlantis via cette IA, sous forme d'un implant dans le cerveau. Mais l'implant de Wolf connait des dysfonctionnements, notamment dans la gestion de ses émotions. Ce qui amène le soldat à ne plus être parfaitement raccord avec ce qui lui est imposé. Il devient donc le premier élément perturbateur dans les rouages bien huilés de la cité dominante, que l'on découvre pas si seule ni utopique au fil du livre.

    J'ai beaucoup aimé ce que je découvrais dans cette histoire, notamment ce qu'on appelle la confluence et toute la réflexion menée autour du livre-arbitre. À travers la diversité des communautés humaines, on a un panel de différents fonctionnements de civilisations, où cependant toutes se targuent d'agir pour le bien commun. La variété de personnages, pas si abondants pour un ouvrage de cette ampleur, permet de découvrir ces cités selon plusieurs points de vue. Ce roman fait appel à l'intelligence du lecteur pour tirer ses propres conclusions, tout en nous donnant suffisamment de réponses pour être intrigués et avoir envie de poursuivre.

jeudi 11 juillet 2024

Les Gaulois, Vérités et Légendes - Jean-Louis Brunaux

 

ÉDITEUR : Éditions Perrin

ANNÉE DE PREMIÈRE ÉDITION : 2018

Les fouilles archéologiques menées depuis une trentaine d'années ont mis au jour villages et fermes fortifiées, tombes et sanctuaires. Leur étude a révolutionné l'histoire des Gaulois, brisant moult légendes et établissant des vérités incontestables. Mais qui étaient-ils justement, ces Gaulois... ou ces Celtes ? Des géants blonds et moustachus qui combattaient nus ? Habitaient-ils des huttes rondes ? Craignaient-ils que le ciel ne leur tombe sur la tête ? La Gaule est-elle une invention du Romain César ? Les druides étaient-ils de simples prêtres ? Le site d'Alésia se situe-t-il en Bourgogne ? Les Gauloises jouaient-elles un rôle important ?

Cet essai, construit à partir de questions, déconstruit certains a priori ou idées reçues que l'on pourrait avoir sur les Gaulois. Il a le mérite de définir, en premier lieu, ceux qui sont nommés ainsi. Et rien que la réponse à cette essentielle première question n'est pas simple. D'ailleurs, très peu de questions ont des réponses tranchées, et c'est toute la beauté de l'Histoire et des découvertes archéologiques.

Si ce livre permet d'apprendre beaucoup d'éléments sur les coutumes ou les événements liés aux Gaulois, nombreux sont les points que l'auteur nuance, précisant qu'il peut s'agir de théories associées aux dernières découvertes et que certaines entrent en contraction les unes envers les autres.

Les Gaulois, de Jean-Louis Brunaux, est très accessible en terme de niveau de langue et peut être lu dès l'adolescence, pour peu qu'on soit un peu curieux.